Les passages couverts sont nés d’une ambition spéculative. Et pourtant, aujourd’hui, pour le promeneur, ils sont un tunnel vers une autre époque : le XIXe siècle. Ils étaient d’une popularité incroyable... Qu’est-ce qui l’explique ? Et pourquoi sont-ils immédiatement tombés dans la décadence ? Laissez moi vous faire découvrir ces lieux d’avant-garde qui marquent les prémices d’une révolution architecturale.
Il y avait plusieurs possibilités de parcours, pour plusieurs types de passages. À l'Est de la capitale se trouvent les passages les plus industrieux. J'en réserve une partie pour mon Complément de Visite. Il existe également un parcours Nord-Sud qui est sûrement le plus populaire pour les guides. C'est ce parcours que j'ai choisi d'adopter. Il traite des passages plus luxueux.
Nous allons donc commencer ce parcours au Palais-Royal, faire un petit détour par la Galerie Véro-Dodat, puis remonter vers les Galeries Vivienne et Colbert. Nous effectuerons encore un petit détour sur la rue des Petits-Champs vers le passage Choiseul, puis par le passage des Princes, souvent oublié par les guides. Nous terminerons enfin cette visite par l'axe des 3 passages des Panoramas, Jouffroy et Verdeau.
Il y avait trop de thèmes intéressant à aborder pour ces passages couverts, et pour ne pas me sentir frustré et vous parler du sujet en profondeur, j'ai décidé d'associer chaque lieu à une thématique qui lui correspond bien… Nous parlerons de la naissance des passages couverts. Nous allons décrypter son architecture si particulière qui réutilise le bâti, qui s'organise autour de patterns richement décorés et surtout qui introduit la verrière. Nous allons aussi les rattacher à leur histoire spéculative, expliquer leur popularité puis leur déclin, et comprendre ce qu'ils ont pu inspirer dans l'Histoire de l'architecture.
Bref, vous avez vu, tout un programme ! Vous serez incollables !
La première étape de notre visite traite du Palais-Royal, un lieu très riche en Histoire. Mais même si de grands noms sont rattachés à ce lieu si emblématique de Paris (Richelieu, Louis XIV, Daniel Buren), ce n'est pas le sujet, vous l'avez compris. Si ce lieu nous intéresse, c'est parce que c'est à cet endroit qu'est né le tout premier passage couvert : les galeries de bois du Palais-Royal. Un lieu emblématique du Paris du XVIIIe siècle, un lieu riche en libertés. Quand Louis-Philippe accède au pouvoir, il prend la décision de tout raser pour construire la plus belle galerie d'Europe : la Galerie d'Orléans. Elle va profondément renouveler le genre et va inspirer de nombreux passages couverts européens.
Il est impossible de parler des passages couverts sans évoquer l'histoire spéculative de ceux-ci. Nous sommes dans un contexte où au XVIIIe et XIXe siècle, on commence à construire de nombreux lotissements pour loger et percevoir des loyers. Les investisseurs sont constamment à la recherche de terrains disponibles pour générer ce revenu locatif, et rapidement, les loyers des commerces paraissent fructueux. Le passage couvert incarne cette idée. Ce sont souvent des banques et des sociétés de spéculations privés qui en sont à l'origine mais pour la galerie Véro-Dodat, il s'agit d'une chouette histoire de réussite française. En effet, Véro, ce n'est pas un banquier, c'est un charcutier. Il a fondé sa boutique à proximité. Et d'une acquisition immobilière à une autre, il arrive à s'enrichir et parvient à fonder ce passage avec son associé Dodat...
Quand on parle des passages couverts, il faut absolument parler de leur architecture si singulière. Première originalité : elle réutilise les anciens bâtiments. C'est quelque chose qu'on peut aisément remarquer dans la galerie Vivienne où aucune salle n'est identique à la suivante… Concernant sa structure intérieure, tout est organisé autour d'un pattern qui est répété autour de la cellule de la boutique, décorée avec des symboliques liées au commerce (le dieu Mercure, la balance, etc.). Il faudrait aussi évoquer la verrière et la circonscrire autour de l'histoire de l'architecture du fer. On comprend alors rapidement que les passages couverts sont extrêmement précurseurs dans le domaine !
Passages couverts et théâtres sont-ils indissociables ? On peut réellement se poser la question quand on voit le nombres de théâtres à proximité des passages couverts. Ces derniers ont voulu profiter de l'affluences des théâtres, mais certains théâtres se sont construits à proximité des passages couverts pour bénéficier de leur fréquentation. Ils sont comme chiens et chats. Mais c'est aussi un bon indicateur : au XIXe siècle, les passages couverts sont très populaires ! Ceci s'explique aussi par l'abondance des lieux de divertissements (panoramas, cafés, estaminets), mais aussi par les boutiques luxueuses qui font leur renommée...
Ce qu'on a parfois du mal à imaginer, c'est qu'au milieu du XIXe siècle, les passages sont vite oubliés et qu'ils deviennent véritablement déserts. Plus personne ne veut y aller, sauf peut-être pour gagner du temps sur son trajet. Ils sont austères, froids, sentent mauvais. Comment expliquer un tel retournement de situation ? Dans les années 1970, les choses changent et les passages couverts redeviennent à la mode. Ils nous font penser à l'ancien Paris, nous font voyager dans un autre siècle. Ils sont revalorisés par l'État et des acteurs privés pour notre plus grand plaisir. Et si je vous disait que les passages couverts ont eu un impact considérable dans l'Histoire de l'architecture ? Découvrons tout cela ensemble !
Pour réserver, tout se passe ici !
Durée : 2h
Point de rendez-vous : Métro 1 et 7 Palais-Royal Musée du Louvre, sortie 5 Place Colette — Cherchez ensuite mon drapeau !
Tarif : 15€
Langue : En français.
Non accessible aux personnes à mobilité réduite.