Une grande partie des parisiens détestent les constructions en hauteur, même si elles sont disposées en retrait de Paris. Les raisons invoquées ? On les voit depuis le jardin des Tuileries et surtout, on a tendance à penser qu’elles uniformisent le paysage : aujourd’hui toutes les grandes villes se ressemblent. Mais il n’en est rien ! Et c’est le propos défendu par cette visite. Leur élan vertical spectaculaire leur donne une dimension hautement symbolique. Et il y a une grande diversité apportée par la richesse de l’architecture contemporaine dans laquelle La France n’est pas en reste. Le quartier d’affaire a bien évolué depuis les années 1960, et je vous propose ici l’histoire d’une aventure architecturale de 70 ans, qui n’a toujours pas cessée de faire muer le quartier en fonction des besoins qui ont suivi chaque crise. C’est pour cette raison qu’on parle aujourd’hui de cinq générations de tours à La Défense, meme si une sixième commence à pointer le bout de son nez…


À la recherche d'une architecture fonctionnaliste (1ère et 2e générations)

De droite à gauche, la tour Aurore, Manhattan et CB21 dans le ciel de La Défense

À l’origine, La Défense n’était pas un quartier d’affaire mais une ville nouvelle, imaginée par la commission de Paul Delouvrier qui souhaite réorganiser le bassin parisien, au même titre qu’Evry, Cergy-Pontoise ou Marne-la-Vallée, au lendemain de la seconde guerre. Et pour construire une ville nouvelle, il faut partir de 0. On a l’ambition à La Défense d’en faire le manifeste du quartier moderne. L’État créé en 1958 l’EPAD, un établissement public chargé de l’aménagement du nouveau quartier, ce qui lui permet d’avoir plus de liberté vis à vis de la loi. Et cet EPAD va nommer 3 architectes qui font réfléchir au futur plan d’urbanisme du quartier : Robert Camelot, Jean de Mailly et Bernard Zehrfuss. Ils vont poser les bases du plan-masse de 1964 qui va définir la trame de La Défense telle qu’on la connaît aujourd’hui. Un urbanisme sur dalle, sur lequel sont implantés des bâtiments qui ont un gabarit propre selon leur fonction. Les tours sont réservées aux bureaux et ne peuvent pas dépasser les 100m de hauteur et les 28 000 m2 de surface. Ce sont les tours de premières génération.


Mais 28 000m2 finalement, ça représente peu de surface au début des années 70. La Défense est deja dépassée par la situation, elle n’a pas réussi à se construire aux objectifs fixés par le plan-masse. Et pour attirer les investisseurs, il faut débloquer les contraintes rigides du plan-masse. Une entreprise qui souhaiterait fonder son siège à La Défense et qui a besoin de 70 000m2, impossible ! Ou alors il faudrait l’installer dans deux tours différentes. On engage alors Jean Millier qui avait bossé pour la commission de Paul Delouvrier afin de trouver des moyens de débloquer la situation. S’en est fini de la limite de hauteur et de surface : les tours peuvent se dédoubler en hauteur ou en largeur et offrir de plus grands plateaux aux entreprises. Ce sont les tours de seconde génération.

À la recherche du confort pour l'usager (3e et 4e générations)

La sculpture de l'Araignée rouge de Calder devant la Maison de La Défense

Le choc pétrolier de 1973 a bien mit à mal l’immobilier de La Défense. Les tours coûtent trop cher en termes énergétiques. Le quartier est délaissé, et le taux de vacance est spectaculaire. Il faut des mesures fortes pour relancer le quartier. Christian Pellerin, jeune homme d’affaires dans l’immobilier est l’homme de la situation. Il est convaincu que si plus personne ne veut travailler à La Défense, c’est en parti à cause de l’architecture qui est devenu trop austère et inhumaine. Alors il veut vendre son concept de tour performantes énergétiquement et à dimension humaine. Fini l’éclairage artificiel et la hauteur démesurée. Il veut des bureaux plus proches du sol où on peut ouvrir les fenêtres et respirer. L’État est convaincu et débloque le budget qui permettra à ces tours de troisième génération d’exister.


Mais rapidement, elle sont encore dépassées car une révolution industrielle est en cours : c’est la révolution numérique. Les premiers ordinateurs se démocratisent dans le monde du travail et le nouvel enjeu sera d’optimiser les tours de bureaux à leurs usages. Concrètement, l’organisation de l’espace est beaucoup plus facile car il suffit d’être raccordé à une prise électrique pour pouvoir travailler. Il va falloir rendre les espaces flexibles et facilement convertibles aux changements de locataires : d’immenses plateaux ré-aménageables et facilement déménageables. Ce sont les tours de quatrième génération.


À la recherche de la compétitivité du quartier d'affaire dans le monde (5e et 6e générations)

Esplanade de La Défense sur laquelle s'oppose la tour Cœur Défense à gauche, et la tour Légende à droite

Au début des années 2000, le constat est grave : le parc est trop vieillissant et 1/5 n’est déjà plus aux normes. C’est un frein pour l’attractivité du quartier qu’on va souhaiter mettre en concurrence dans le monde. Ce sont les motivations qui vont lancer le Plan de Renouveau de La Défense dévoilé en 2006. Pour rendre La Défense attractive, on va miser sur des tours-symboles, manifestes du revival du modernisme qui va ramener les recherches de la forme en architecture. Les architectes internationaux sont invités à réfléchir au nouveau visage de La Défense. Et surtout, on invente une norme environnementale pour rester compétitif sur le marché : la norme HQE. Ce sont les tours de 5e génération.


Et la sixième génération de tours à La Défense n’est toujours pas arrivée, même si on commence à la réfléchir. Aujourd’hui, on s’inquiète pour La Défense car le réchauffement climatique arrive à grand pas et le territoire est parmi l’un des plus carboné de France. Le coupable ? L’immobilier, responsable de près de la moitié des émissions carbones. Mais comment répondre à un enjeu de quartier d’affaire décarbonné ? C’est la question que s’est posé Paris La Défense de Novembre 2022 à Juin 2023. Et il a pensé à une série de 10 mesures pour faire de La Défense le premier quartier d’affaire post-carbone au monde. Les futures tours répondront à cet enjeu.





Pour réserver, tout se passe ici !


Informations pratiques

Durée : 2h30

Point de rendez-vous : La Défense - Grande Arche (RER A, Métro 1, T2), sortie 5 Calder - Miró

Tarif : 15€ 

Langue : En français.

Non-accessible aux personnes à mobilité réduite.